On a tous entendu parler des FARC, mais qui en fait partie, où sont-ils, et que font-ils?
Histoire
Depuis les années 1940, la Colombie était plongée dans une guerre civile entre Parti Conservateur et Libéral. La guerre avait été si cruelle que cette période fut appelée « la Violencia », la violence. Cette lutte pour le pouvoir se propageait à partir de la capitale, Bogota, et s’étendait jusqu’à la campagne. Les paysans étant identifiés comme libéraux étaient massacrés par les partisans conservateurs et vice versa.
Les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) naquirent spontanément de la réaction des paysans qui cherchaient à se protéger contre cette violence et à éviter la confiscation de leurs terres par les propriétaires libéraux ou conservateurs. Les deux partis parvinrent à s’entendre pour partager le pouvoir et mettre un terme à la guerre civile, mais les FARC étaient exclus de cet accord. Pendant la guerre froide, dès 1945, le mouvement cessa d’être une organisation rurale et défensive, et devint une guérilla communiste et stalinienne ayant pour but la conquête du pouvoir. Il mit sur pied une hiérarchie militaire et ouvrit des fronts dans différentes parties du pays, s’attaquant à l’armée et à la police. Dans le courant des années 1970 à 1980, les guérillas accroissent progressivement leur domaine d’action jusqu’aux frontières des principales villes du pays.
Dans les années 1980 le gouvernement colombien tenta de mettre un termeaux hostilités. Une trêve fut proposée aux FARC, puis signée et des réformes politiques ont été votées au Congrès pour soutenir le retour à la paix. Mais, avec la montée du trafic de drogue, les FARC avaient trouvé à une source definancement leur permettant de se développer rapidement, et l’accord de paix échoua. Ils abandonnèrent leurs idéaux dès leur entrée dans ce business. A leur apogée, les FARC amassaient plus d’un milliard de dollars par an grâce à la drogue.
L’armée du gouvernement manquait de moyens matériels et humains pour faire face. Les FARC ont semé la terreur dans les campagnes, tuant les paysans et les travailleurs ruraux qui n’acceptaient pas leur domination. Cette conquête militaire de territoires est également financée par les enlèvements contre rançon.
Pour protéger leur territoire et leurs champs de coca, les rebelles ont enterré des milliers de mines antipersonnel dans des zones fréquentées par des civils. Depuis 1990, les mines ont fait plus de 10 000 victimes en Colombie, ce qui en fait le deuxième pays qui en compte le plus au monde, juste derrière l’Afghanistan. Les mines se trouvent sur les pistes et les chemins que les civils empruntent. Les victimes sont surtout des fermiers et éleveurs pauvres qui vivent dans les régions occupées par la guérilla.
La plus grande partie des habitants de ces régions sont partis. La Colombie compte 3,7 millions de personnes déplacées à l’intérieur de ses frontières, et 380 000 réfugiés qui ont fui le pays. C’est le pays qui a le plus grand nombre de déplacés au monde.
En cinquante-deux ans, le conflit interne a fait 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,8 millions de déplacés.
Ingrid Betancourt
Ingrid Betancourt était candidate aux élections présidentielles en Colombie en 2001. Elle est Franco-colombienne. Son parti Oxígeno Verde (Oxygène Vert) était une organisation politique qui réunissait un groupe de citoyens luttant contre la corruption politique qui paralysait la Colombie depuis plusieurs années. Ingrid souhaitait trouver une alternative écologique et un engagement pour la paix, elle soutenait une réforme sociale. Le but d’Oxígeno Verde était d’établir un dialogue simultané entre tous les acteurs du conflit. Lors des différentes rencontres Ingrid avait réclamé des FARC un comportement cohérent avec leur discours de paix, les FARC se proclamant défenseurs des Droits de l’Homme.
Elle a été enlevée par les FARC chez qui elle est restée du 23 février 2002 au 2 juillet 2008 soit 6 ans et demi. Elle a bénéficié d’un immense soutien de la France. Le 2 juillet 2008, c’est grâce à un officier de renseignement de l’armée de terre colombienne qui fut le commandant d’une fausse opération humanitaireque les otages de captivité ont pu sortir.
J’ai lu son livre « Même le silence a une fin« , j’ai vraiment été bluffée par cette femme, son courage.
En 2013
En 2013, les zones de présence des FARC sont considérablement réduites. Il reste par exemple la région de Caqueta au sud, ou encore celle du Cauca vers la ville de Cali à l’Ouest. Beaucoup se trouvent aux frontières de manière à faire passer la drogue plus facilement.
Les FARC, qui comptent encore 8 000 combattants selon les autorités, ont abordé plusieurs points sensibles avec le gouvernement lors de pourparlers le 5 novembre 2012 à Cuba, comme la nécessité d’une réforme rurale, le trafic de drogue, l’abandon des armes, mais aussi la participation de la guérilla à la vie politique et la réparation pour les victimes. La perception des victimes du conflit est loin de faire l’unanimité. Pour les FARC, les guérilleros font partie des victimes, alors que l’opinion colombienne et internationale les considère plutôt comme responsables de la prolongation des violences. La question la plus délicate est celle du sort des chefs des FARC compromis dans des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, imprescriptibles.
Tous les jours, l’armée se rend sur les zones de présence des FARC pour sécuriser la zone et chercher et désamorcer les mines antipersonnel. Les mines retardent la progression de l’armée, d’où la lenteur des progrès dans certaines zones.
Le touriste n’est pas particulièrement visé par les enlèvements même si prudence est de rigueur lorsqu’un visiteur traverse une zone où sont présents les FARC. Il est facile d’éviter les problèmes liés à une éventuelle rencontre en se renseignant.
2016: Mise à jour
La guerre est finie! La fin du conflit à été signée le 26 septembre 2016! Cette décision historique prévoyait la réinsertion des guérilleros dans la société civile mais à la surprise générale le peuple colombien y a voté défavorablement suite à un référendum le 2 octobre (à 50,2% mais presque 60% d’abstention). En effet cette reconversion de l’organisation terroriste en parti politique a bien du mal à passer. L’accord dit que la guérilla devra verser des réparations financières aux victimes et que les chefs guérilleros ayant commis les crimes les plus graves encourront de quatre à huit ans de «restriction de liberté» s’ils avouent. Une punition trop faible selon certains. Le « oui » ne l’ayant pas emporté, aux Colombiens de modifier cet accord de façon à ce que tout le monde soit satisfait.
Pour les encourager, le Président Juan Manuel Santos a reçu le Prix Nobel de la Paix, prix qui selon moi aurait également dû revenir au Président précédent Alvaro Uribe qui est le premier à s’être vraiment dévoué à cette lutte contre les FARC.
Patience, c’est bientôt fini!